vendredi 11 juin 2010

A méditer, et relrie

Lorsqu’on condamne Chomsky dans l’affaire Faurisson, il faut au minimum dire ce que l’on condamne exactement : une erreur tactique fort ancienne ou le principe même de la défense inconditionnelle de la liberté d’expression ? En ce qui concerne ce principe, il y a plusieurs remarques à faire. Tout d’abord, la France ne possède pas la tradition libertaire en matière d’expression d’opinions qui existe aux États-Unis, où la position de Chomsky ne choque personne et, pour l’essentiel, est admise à travers presque tout le spectre politique . Une loi comme la loi Gayssot qui réprime en France le négationnisme entrerait immédiatement en conflit avec le premier amendement à la constitution (qui garantit la liberté d’expression). L’American Civil Liberties Union, dans laquelle militent de nombreux antifascistes, porte plainte devant les tribunaux si l’on interdit au Ku Klux Klan ou à des nazis de manifester, en uniforme, dans des quartiers à majorité noire ou juive – comme à Skokie (Illinois) en 1978. On peut ne pas être d’accord avec cette attitude, mais il faut au moins être conscient du fait que le débat se déroule entre deux traditions politiques différentes (toutes deux d’ailleurs issues des Lumières), l’une dominante en France, l’autre aux États-Unis, et non entre un Noam Chomsky élu représentant d’une ultra-gauche dévoyée et la France républicaine.

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